« Savoir ce que l’on achète pour pouvoir choisir l’endive qui nous correspond ! » : Pascal Delebecque, responsable du développement de la coopérative Marché de Phalempin répond aux questions que tous les consommateurs se sont déjà posés sur l’endive.

La coopérative Marché de Phalempin comprend une cinquantaine de producteurs d’endive de salle et une trentaine de producteurs d’endive de terre. Ce qui représente une production de 900 tonnes par an pour l’endive de terre et pas moins de 30 000 tonnes par an pour l’endive de salle.

Pascal Delebecque, pourriez-vous nous raconter la genèse de l’endive de terre ?

« Historiquement les premiers producteurs d’endive sont nés dans le Pévèle et on faisait de l’endive de manière traditionnelle « sous couche », ça s’est toujours fait comme ça, avant que l’on passe à un modèle hydroponique ,nommé aussi endive de salle. Nous avons toujours eu depuis la création de la coopérative, des producteurs d’endive de terre. Il y en a beaucoup qui ont arrêté soit de faire de l’endive soit de faire de l’endive de terre, pour investir dans des salles, dans une logique de survie et de gain de productivité notamment ! Malgré tout il y a eu une volonté de la part de la coopérative de ne jamais oublier les producteurs d’endive de terre traditionnels et de bien marquer la différence de culture pour le consommateur. C’est d’ailleurs dans cette logique que l’endive de terre Label Rouge est née. »

Justement comment avez-vous réussi à lancer l’endive de terre « Label Rouge » ?

« Carrefour a été déterminant pour le dossier Label Rouge. La marque Reflet de France de Carrefour nous a permis de sécuriser les débouchés de nos adhérents.On a vendu énormément d’endive de pleine terre sous la marque reflet de France. On sait pertinemment que d’avoir un seul client pour un produit c’est compliqué et on n’a pas forcément réussi à positionner à l’époque l’endive de pleine terre avec la marque Perle du Nord. D’avoir une marque à nous c’était délicat donc on s’est dit, avec d’autres organismes professionnels que l’on allait réfléchir au Label Rouge. On a écrit un cahier des charges que l’on a présenté une première fois au Ministère de l’Agriculture et ça ne s’est pas tout suite passé comme on le voulait. Il fallait que l’on justifie de l’intérêt économique de la démarche, c’est quand même assez lourd ! Entre les allers retours, les commissions qui nous ont demandé de réécrire… Ce n’est qu’au bout de 7 ans que nous avons eu la reconnaissance du label rouge, en 2014. Et ça a fait des petits car en 2014 on faisait 300 tonnes d’endive de pleine terre et aujourd’hui avec le potentiel de vente de Perle du Nord, on en fait 900 ! »

Quel est l’intérêt de l’endive label rouge : pour les producteurs et les consommateurs ?

« Le Label Rouge a notamment permis à des jeunes de s’installer et de reprendre de petites exploitations. La grande différence entre une endive Label Rouge et une endive non Label Rouge, c’est la méthode de pousse (dite de forçage). En endive de pleine terre quand on sort la racine des frigos on la repique en pleine terre. L’endive pousse en pleine terre contrairement aux endives de salle qui poussent dans des bacs en hydroponie. Pour les consommateurs le Label Rouge certifie le croquant. Comme l’endive a poussé tout doucement, elle a peut-être un peu moins d’eau et est un peu plus croquante qu’une endive de salle. On garantit aussi surtout une meilleure conservation parce qu’elle n’a pas été « forcée ». En endive de couche, de terre, parfois le producteur met 4 semaines par rapport aux 21 jours en salles pour les endives classiques. »

Toutes les endives de peine terre sont-elles « Label Rouge » ?

« Non, toutes les endives de pleine terre ne sont pas Label Rouge ! Dans le cahier des charges on a autorisé certaines variétés et il y en a d’autres que l’on a exclu. Celles qui sont hyper productives, nous ne les voulons pas en Label Rouge parce qu’elles vont faire un axe à l’intérieur. Et puis il faut aussi que le producteur montre « patte blanche ». Aujourd’hui, environ 80% des producteurs qui font de l’endive de terre sont Label Rouge. »

Une endive de pleine terre peut-elle être Bio et Label Rouge ?

« Non ! Certain y ont déjà réfléchi mais le sclérotinia, un champignon qualifié de « cancer de l’endive », empêche le cumul des deux. En endive de pleine terre on fait un traitement des racines qui limite la propagation du champignon mais à partir du moment où vous mettez une racine dans les conditions idéales pour la pousse du champignon, si vous n’avez pas de solution de rattrapage autant se reconvertir et faire du champignon ! »

Une endive bio est-elle forcément une endive de salle ?

« Oui. On arrive à faire de l’endive bio car c’est en hors sol. Les producteurs de bio, leur plus gros travail, c’est d’épurer les bacs de pousse. Imaginez-vous, les producteurs qui ont semé une graine, qui ont récolté la racine, qui l’ont calibré, qui l’ont stocké, qui l’ont mis en bac et en bout de course qui vont épurer la moitié voire les 3/4 du bac parce qu’il y a le sclérotinia qui est en train d’envahir tous le bac… C’est à s’en rendre malade ! Il n’y a que parce qu’on le fait en hors sol et que l’on peut nettoyer le bac régulièrement qu’on fait de l’endive bio. Techniquement on peut faire du bio en pleine terre mais ce ne serait pas viable pour les producteurs ! Une endive de terre vous la repiquer, vous mettez des bâches, vous rajouter des couvertures, vous la mettez dans un petit cocon, vous lui faite son petit nid… Mais cette endive là, vous n’allez pas la revoir au bout de trois semaines… Si vous avez une maladie qui se met dedans et que vous enlevez les couches pour revenir dedans, il n’y a au bout du compte plus rien… Il faut pouvoir enlever la maladie. »

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